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  • La GSI et le Stade Pontivyen en 32e de la Coupe de France 2019 : 2 clubs pour une seule et même ville

    sGarde Saint-Ivy et Stade Pontivyen   A l’occasion des 1/32èmes de finale de la Coupe de France 2019, deux clubs de mêmes localités étaient présents : le Stade Pontivyien et la GSI Pontivy, évoluant tous les deux en Nationale 3 (ex-CFA2). La dernière ville à avoir réalisé l’exploit était Vitré en 2003, une autre ville bretonne. Si cette situation est plutôt l’apanage des villes anglaises, espagnoles, voire italiennes, elle est extrêmement rare en France.

    Elle met tout simplement en lumière une situation propre au football breton : les restes d’une opposition jadis féroce entre le monde laïc et le monde catholique. Bien qu’aujourd’hui, les différences soient en grande partie gommées, cette rivalité continue d’irriguer les discussions au comptoir et au bord du terrain. Voici quelques détails sur un phénomène qui éclaire à sa manière l’histoire de notre pays.

    D’où vient cette opposition entre le Stade et la GSI ?

    En Espagne, en Écosse ou en Angleterre, chaque club est représentatif d’une couche sociale et/ou d’un courant religieux précis. Le Celtic Glasgow est le club des riches catholiques indépendantistes. Les Rangers sont supportés par les ouvriers unionistes protestants. Le Real Madrid est le club du roi et de l’aristocratie tandis que le Rayo Vallecano est supporté par les ouvriers. Bien entendu, ces schémas sont simplistes et correspondent en grande partie à une vision fantasmée de la société. Mais ils tirent leurs racines de la réalité.

    Les 2 clubs de la ville de Pontivy

    Crédit photo : Europe1

    En France, et surtout en Bretagne, l’opposition remonte à la séparation entre l’église et l’État. En Bretagne, plus que partout ailleurs, cette loi a mis du temps à entrer dans les mœurs. Les Bretons sont méfiants envers tout ce qui émane du pouvoir central. Ce n’est pas pour rien que Balzac a pris cette région comme cadre pour son roman « Les Chouans », qui raconte l’histoire d’une opposition entre la Bretagne catholique et le nouvel ordre républicain laïc.

    GSI et Stade Pontivyen : qui est qui ?

    La Garde Saint-Ivy (GSI) est le club « des curés ». Il évolue en vert. Créé en 1909 par l’Abbé Thoret, il sera officiellement reconnu en 1914. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le club fonctionne tant bien que mal, alors que de nombreux jeunes s’engagent sous les drapeaux ou dans la résistance. Depuis les années 1990, le club s’est stabilisé aux alentours de la CFA/CFA2.

    Le Stade Pontivyen, qui joue en jaune, a été fondé en 1920. Il représente pêle-mêle tout ce qui est associé au nouveau monde : la gauche, le secteur public, l’administration, les fonctionnaires, le prolétariat, l’Éducation nationale, la laïcité, la France. La GSI, c’est la droite, le patronat, le privé, les bonnes-sœurs, la rigueur, la compétition. Bref, la Bretagne. Preuve que le Stade représente une entité étrangère dans le Morbihan : le club n’a aucun site internet, aucune page Wikipédia, ni aucun site retraçant son histoire. Tout au contraire de la GSI.

    La Garde a un palmarès plus important que son voisin. C’est le club le plus prestigieux de la commune. En 1999, il n’est pas passé loin de monter en National. Malheureusement, la DNCG refuse l’accession. L’année suivante, le club atteindra les huitièmes de finale de la Coupe de France. C’est tout naturellement qu’il attire les meilleurs jeunes de la commune et des alentours. Le SP, lui, reste un club plus familial, moins élitiste et moins porté sur la compétition.

    La Garde Saint-Ivy face à Paris en Coupe de France

    Crédit photo : Le Télégramme

    Une cohabitation difficile entre les 2 clubs

    Jusque dans les années 70/80, mettre ses enfants au Stade Pontivyen, cela voulait dire voter à gauche. Les deux clubs entretenaient une rivalité féroce, qui n’a toutefois jamais été plus loin que les invectives. Officiellement. Ces différences ont disparu aujourd’hui. La rivalité d’alors s’est transformée en concurrence.

    Premièrement parce que les deux clubs ont un budget très réduit. Pontivy est une ville d’à peu près 15 000 habitants, située en pleine basse Bretagne à mi-chemin entre Saint-Brieuc et Lorient. Chaque club reçoit la même enveloppe de la mairie : 25 000€, sur les 255 000€ alloués au sport.

    LA GSI et le SP se partagent le stade municipal, ainsi qu’un terrain synthétique mis à disposition par le Lycée Agricole du Gros Chêne. Pour les entraînements sur herbe, les deux clubs font chambre à part. Ils ont chacun leur terrain, une sorte de pré jonché de feuilles mortes en automne.

    Ce changement de mentalité est aussi à mettre en corrélation avec un certain appauvrissement de la population au cours des années 90/2000. Que l’on soit dans le public, dans le privé, que l’on soit petit patron ou ouvrier, la différence de statut social (mais aussi financier) aujourd’hui est bien moins marquée que par le passé.

    Derby entre le Stade Pontivyen et la GSI

    Crédit photo : actu.fr

    La question de la fusion entre le SP et la GSI

    Entre 2 clubs aux moyens plus que modiques, la question de la fusion s’est toujours posée. À l’heure actuelle, la GSI et le Stade sont au même niveau. Les partisans de la fusion pensent que c’est le moment propice. Ce qui était impossible à envisager il y a encore 20 ans est à présent sur la table.

    Un rapprochement permettrait d’avoir plus de financements et d’avoir plus de poids au niveau national. À la Garde, on se souvient encore de la montée en National refusée d’un revers de main à Paris. Ce fut un vote à main levée qui a décidé du sort de la GSI, et ce alors que le club avait engagé un projet sportif cohérent depuis une dizaine d’années. L’espoir d’accéder voire de perdurer dans le foot professionnel est ce jour-là parti en fumée.

    L’épineuse question du rapprochement

    Du côté de la Garde, on soutient le projet. Cela permettra de mettre en place des projets ambitieux. Du côté du Stade par contre, on y est opposé. Les dirigeants ont peur que que le club perde son âme familiale.

    Pourtant, la fusion n’a pas que ses partisans, même dans le camp du Stade Pontivyen. Julien Rivalan le défenseur du Stade Pontivyen incarne une certaine sagesse pragmatique : « S’il n’y avait eu qu’une seule équipe à Pontivy, seulement 16 joueurs pourraient jouer un 32e. Ce week-end, on sera 32 ». Difficile d’ajouter quoi que ce soit.

    Malheureusement pour les Pontivyiens de tout bord, aucune des deux équipes n’a passé le cap des 32e. La GSI a perdu contre le PSG (4-0) et le Stade Pontivyen a subi la loi de Guingamp (2-4). Même si aucun des deux clubs n’a eu le succès de Quevilly en 2012, ils ont mis en lumière une caractéristique peu connue de l’histoire de France. Et puis qu’importe au fond cette élimination : la Garde et le Stade s’offriront un beau derby en Nationale 3.

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