La connexion saoudienne du SC Sedan Ardennes : la promesse d’un investissement et puis plus rien

Au début de la saison 2015-2016, alors que Sedan était remonté en National à la suite d’une relégation administrative, une nouvelle fait les gros titres des quotidiens locaux : un  membre de la famille royale saoudienne va investir dans le club. L’arrivée du prince Fahd, le neveu du roi Salman, dans les Ardennes a de quoi rendre sceptique. Malgré tout, l’optimisme est de rigueur dans ce club historique à la dérive. On évoque des sommes de 50 à 60 millions, la construction d’un centre d’entraînement, un partenariat avec Flamengo. Les dirigeants ont des étoiles plein les yeux.

Un an après, le prince saoudien s’en est allé. Le club est dernier du championnat national avec seulement deux victoires, dont une 2-0 contre Béziers lors de la 5^ème journée. Que s’est-il réellement passé ? Comment se fait-il qu’un Saoudien ait eu l’idée d’investir dans cette ville sinistrée des bords de la Meuse ?

À la rencontre du prince Fahd, neveu du roi d’Arabie Saoudite

Né en 1986, le prince a fait ses études secondaires à Londres. Il est ensuite revenu à Riyad pour y suivre un MBA. Il n’a aucune connexion avec les Ardennes ni même avec le foot. Alors, pourquoi le ballon rond ? Et pourquoi Sedan et pas Nice ou Marseille ? Serait-ce un plaisir personnel ? Les hommes du Golfe aiment investir dans le foot. Il n’est pas interdit de penser que pour un relatif inconnu qui a peu d’expérience, un club de National avec un passé glorieux est intéressant. Après tout, les Japonais ont déjà investi à Grenoble.

La réalité est un peu plus compliquée. La famille royale saoudienne n’avait en réalité jamais prévu d’investir dans le foot. Et encore moins à Sedan. Les liens qui existent entre les frères Dubois, qui sont à la tête du CS Sedan-Ardennes, et la famille royale sont d’ordres commerciaux. Ils tournent autour d’un juteux contrat immobilier que les deux frères ont mené à bien en Arabie Saoudite. Au cours des négociations, ils auraient demandé à leurs partenaires saoudiens de faire un petit geste et d’injecter un peu d’argent dans le club.

Le retrait du roi Fahd et les raisons d’un échec

La stratégie saoudienne était de faire un investissement sur le long terme. Au lieu de recruter, le prince voulait construire un centre de formation à Sedan. De plus, il prévoyait d’en construire d’autres Maroc, au Sénégal ou au Brésil. Ainsi, le club aurait pu contourner le fair-play financier et envoyer ses jeunes footballeurs en manque de temps de jeu. Sur le papier, la stratégie saoudienne est excellente. Pas d’investissement lourd à faire de suite et la possibilité, si jamais ça ne tourne pas bien, de se retirer sans ne rien perdre.

Se retirer… C’est d’ailleurs ce qui va se passer. Lors de la saison 2015-2016, le club est englué dans le ventre mou du championnat de National. Or, les Saoudiens ont été clairs : pour que le centre de formation voie le jour, le club doit remonter en Ligue 2. Le problème est que, sans recrutement, c’est mission impossible. Depuis la relégation en CFA 2 lors de la saison 2012-2013, le club a perdu tous ses cadres et doit tout reconstruire.

Finalement, la lune de miel se termine mal. À cause d’incompréhension entre les frères Dubois et les intermédiaires du prince Fahd, ce dernier vend ses parts. En juin 2016, la DNCG se penche sur les comptes du club et met en lumière un déficit de 900.000 €. Gilles et Marc Dubois, qui avaient sauvé le club en août 2013, sont obligés de remettre la main à la poche sous peine d’une autre relégation. A l’heure actuelle, le club ne s’est toujours pas relevé de son sauvetage in extremis et cette fois-ci, c’est sportivement qu’il s’apprête à couler.